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Mistery
26 mars 2010

L'illusion du coming out réussi

Comme j'y ai fait un peu allusion, il y a 15 jours j'ai fait mon coming out à une amie que je connais depuis environ 7 ans. Pour remettre les choses un peu dans le contexte, je pensais qu'elle serait la 1ère à qui je le dirai car on était vraiment plutôt proche. Mais le souci c'est que j'ai eu trop peur qu'elle le prenne mal alors ça n'a jamais voulu sortir. Et ce que je vis là me rappelle ce que j'ai pu vivre avec ma mère.

Petit retour en arrière donc, il y a 5-6 ans quand, sur un coup de tête j'annonce à ma mère que j'aime les femmes. Je m'attendais à ce qu'elle pleure mais au final c'est moi qui ai pleuré, tellement je m'en voulais de lui faire ça. Elle a essayé de me réconforter en me disant que j'étais toujours sa fille, que son amour n'avait pas changé, que ce n'était pas de ma faute... Coming out réussi donc. Ca c'est ce que j'ai cru car dès le lendemain ont commencé des petites remarques très blessantes qui ont durées pratiquement 1 an. Alors, je me disais que j'avais de la chance, qu'au moins je ne m'étais pas fait virer du domicile familial mais ça n'empêche que ce n'était pas facile à vivre pour autant. Mais bon, c'était certainement le temps de digérer l'information et de voir que petit à petit je devenais plus heureuse et plus libérée. Maintenant ma mère est mon 1er soutien, ma confidente (bien plus qu'avant où on était proche mais où je ne lui disais quasiment rien).

Aujourd'hui, j'ai l'impression de vivre la même chose. Je pensais que tout allait bien, que ma confidence avait été bien prise et finalement je subis le "retour de bâton". J'ai donc "parlé" à cette amie il y a une quinzaine de jour. Elle m'a réconforté en me disant qu'elle me considérait comme une amie pour ce que j'étais et pas pour la personne avec qui j'étais. Sauf qu'elle s'est confiée à une autre amie, lui disant qu'elle se sentait vexée que je ne lui en ai pas parlé plus tôt. Ca je le comprend tout à fait et je m'en veux d'avoir attendu tout ce temps mais je n'y arrivais pas (et je pense que pour comprendre la position dans laquelle j'étais, il aurait fallu qu'elle la vive). Jeudi dernier, elle a amené le sujet sur la table et on a mis les choses au point, j'ai essayé de lui expliquer la situation que je vivais et pourquoi ça avait été si difficile de lui en parler. En se quittant, je lui ai demandé si elle comprenait, si tout allait bien entre nous et elle m'a dit qu'il n'y avait aucun problème. Sauf que durant notre conversation elle m'avait dit que pour elle j'étais tombée amoureuse d'L pour sa personnalité et que le fait qu'elle soit une femme n'était qu'un hasard. Je l'ai reprise en lui disant que non, je suis bien lesbienne et je le sais depuis que j'ai une douzaine d'année. Et hier, juste avant le resto j'ai appris qu'elle s'était de nouveau confiée à cette amie, lui disant "tu te rends compte, en fait elle aime les femmes...". Elle a fini par lui dire "j'ai l'impression de ne pas la connaître". Et effectivement, j'ai ressenti un grand froid hier entre nous, chose qu'il n'y avait pas la semaine dernière quand elle pensait qu'L pouvait n'être qu'une passade. Alors aujourd'hui je suis profondément déçue et énervée car pour moi, sa soi-disant vexation sur le fait que j'ai attendu longtemps avant de lui dire n'est qu'une excuse, une façon de me faire culpabiliser. Le fond du problème c'est qu'elle n'est pas si ouverte qu'elle l'a prétendu. Sinon, pourquoi y aurait-il 2 poids 2 mesures entre la passade supposée et mon homosexualité avérée ? Et puis dire qu'elle ne me connait pas c'est oublier un peu vite toutes ces heures où on a discuté, toutes ces fois où je suis restée devant chez elle pour la réconforter, tous ces fous rires partagés, toute la confiance que j'avais en elle... Je comprendrai sa réaction si j'avais essayer de lui faire croire que j'étais hétéro, si je m'étais inventé un petit ami imaginaire ou si j'avais fait semblant d'être intéressée par certains mecs. Mais avec elle ça n'a jamais été le cas, je ne lui ai jamais vraiment parlé de ma vie privée, elle ne m'a jamais posé de questions (ce qui au final aurait sans doute facilité mon coming out). Alors comment peut-elle dire qu'elle ne me connait pas ? Après tout ce que je lui ai confié ? Alors que je ne lui ai jamais menti ? J'ai d'autres amis à qui j'avais pourtant présenté une "double vie" qui l'ont pris parfaitement bien. Entre le moment où je leur ai dit et la veille, il n'y a eu aucun changement, aucun temps d'adaptation. Je comprend qu'elle puisse être vexée d'avoir été dans l'ignorance pendant si longtemps. Je comprend aussi qu'elle puisse avoir besoin de temps pour digérer. D'ailleurs, j'aurai accepté si elle m'avait dit qu'elle avait du mal à encaisser. Mais là elle essaye de me faire croire qu'elle est très ouverte, que j'aurai pu lui dire avant alors qu'en réalité le fait que j'aime les femmes lui pose problème. Je peux comprendre beaucoup de choses mais dire qu'elle ne me connait pas alors que tout ce qui a changé pour elle c'est mon orientation sexuelle (orientation qu'elle a supposée, que je n'ai jamais prétendue avoir auprès d'elle), là je ne comprend pas et je n'accepte pas.

En tout cas, ça plus tout le reste, en ce moment mon moral n'est pas au plus haut...

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Commentaires
A
ouais ... ben en fait Asyouare a bien tout résumé .... laisse passer un peu de temps
A
Alors pour ce qui est de la réaction maternelle, j'ai eu à peu près la même chose.<br /> Pour ce qui est des potes, pareils. Les filles surtout. Je croîs que c'est pour plusieurs raisons. La première c'est que leur dire que l'on est homo les renvois à des questions qu'eux mêmes se sont posées un jour. Et auxquelles ils n'ont pas eu de réponses ou alors l'ont totalement occulté. La deuxième c'est que dans le cas des amies, je suis persuadée que les miennes se sont demandé si je n'avais pas eu envie de leur sauter dessus. Car dans leur tête nous sommes souvent des prédatrices sans scrupules. Tu sais, il y a toujours des gens qui se disent ouverts et ne le sont pas. C'est beaucoup plus simple de prétendre être tolérant que de dire "oui je suis intolérant." Moi je me suis consolée en me disant que ceux ou celles qui m'avaient tourné le dos, réduisant ce que je suis à une sexualité n'étaient pas de vrais et bons amis. Parfois il faut savoir accepter que les gens ne réagissent pas comme on l'aurait souhaité.
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