Rencontre 4
Pour notre rencontre suivante, on avait
prévu un resto-ciné. Comme toujours, je faisais la conversation
mais je voyais qu'elle commençait à parler un peu d'elle. Il
m'arrivait même de lui couper la parole, chose pour laquelle je me
maudissais intérieurement. Je devais partir pour un mariage pendant
le week-end alors on en parlait. En rigolant, je lui ai dis que je
voudrais bien vivre quelque chose qui ressemble au film "Imagine
Me And You" et pourquoi pas repartir avec la fleuriste du
mariage. C'était pour la tester. Elle a répondu qu'elle en serait
heureuse pour moi et cette réponse a anéanti mes minces espoirs.
Elle me dira plus tard qu'elle n'en pensait pas un mot mais qu'elle
faisait partie de ces personnes capables de dire ce genre de choses
pour éviter de se dévoiler. Elle aurait été capable de m'aider à
sortir avec quelqu'un d'autre alors qu'elle aurait préféré que je
sois avec elle (là-dessus on est encore pareille car c'est quelque
chose que j'ai déjà fait).
Ensuite direction le ciné et si
avant j'avais vraiment l'impression d'être retournée à
l'adolescence lors de mes 1ers émois, là j'ai atteint le summum. Je
mourrais d'envie de lui prendre la main mais j'avais l'impression que
la mienne pesait une tonne. De son côté, elle n'arrêtait pas de
passer sa main dans ses cheveux, geste que je trouvais très
attirant, j'aurais eu envie que ce soit ma main qui passe dans ses
cheveux. Là encore, ce que je ne savais pas c'est qu'elle avait
aussi très envie de me prendre la main mais qu'elle n'a pas osé. Ah
la la, si on était pas toutes les 2 aussi timides.
Je suis partie pour le mariage dans un triste état. J'étais réellement amoureuse pour la 1ère fois de ma vie et ce n'était pas réciproque. Je n'essaye pas d'excuser ce qui s'est passé par la suite à ce mariage mais je pense sincèrement que mon état d'esprit du moment explique bien des choses. Je me connais et je sais qu'en temps normal je n'aurai pas fait ce qui est arrivé, j'en suis encore étonnée d'ailleurs.
Donc, durant la soirée du mariage, j'ai bu
plus que de raison, je ne me rendais pas vraiment compte du nombre de
verres que je buvais. Il faut dire qu'un des hommes présent (un ami
qui était aussi le futur mari d'une de mes meilleurs amies et qui
est maintenant son mari) me resservait chaque fois que j'avais fini
mon verre. Dans les derniers souvenirs réels que j'ai de cette
soirée, on était sorti lui et moi pour prendre l'air. On s'est
assis dans l'herbe pour discuter, il avait vu que je n'allais pas
bien. Il m'a demandé pourquoi une femme telle que moi était
célibataire. Là j'ai craqué, je lui ai dit qu'il n'y avait rien
d'intéressant chez moi, que je n'étais pas du tout attirante, que
personne ne voudrait jamais de moi... J'ai dû paraître pathétique
si on rajoute le fait que j'étais complètement bourrée. Il m'a
répondu en énumérant les parties de mon corps qui lui plaisait et
je crois que c'est tout ce que j'avais besoin d'entendre (même si
la formulation laissait à désirer lol mais on est moins exigeant
quand on a bu). Le lendemain au réveil, c'est sa future femme qui
m'a appris que l'on s'était embrassé dans la soirée mais
qu'heureusement ça n'était pas allé plus loin et qu'en plus il
s'agissait d'un simple petit baiser sur les lèvres. Il n'empêche
que dans ma conception des choses, un baiser est quelque chose
d'important et à ce moment-là je me suis détestée pour ça.
Comment j'avais pu agir ainsi ? Je ne le sais toujours pas, l'alcool
et la tristesse que j'éprouvais expliquent bien des choses mais ça
ne change pas la personnalité d'une personne. Si j'ai fait ça c'est
que c'est quelque chose qui existe en moi. Je pensais être une fille
droite, digne de confiance et voilà que j'avais agis comme les
filles que je déteste. C'est une chose que je regretterai toute ma
vie même si maintenant j'en parle en rigolant.
Au retour chez
moi j'étais dans un état pitoyable. Une amie m'a appelée pour
savoir ce qui s'était passé car j'étais bizarrement muette sur
tout le trajet du retour. Elle m'a remonté le moral en me disant que
ça ne correspondait en rien à la personne que je suis, que ce n'est
pas un écart alcoolisé comme elle dit qui définit ma personnalité.
Mais bon, le mal était fait et en repensant à L. je me disais que
c'était finalement une bonne chose pour elle qu'elle ne soit pas
intéressée par moi, que de toute manière je ne méritais pas une
femme comme elle.